La peur de l’engagement… on en parle ?
« Dès que ça devient « sérieux » je fuis ! »
« J’évite d’avoir des relations exclusives »
« J’hésite à faire des projets sur le long terme »
« J’ai du mal à exprimer mes sentiments »
« j’ai tendance à « saboter » dès que çà commence à s’installer dans l’intimité »
J’entends régulièrement cette peur de l’engagement… cette réticence qui empêche de développer des liens profonds et durables avec un.e partenaire
D’où vient cette peur ? Car il s’agit bien d’une PEUR … d’être rejeté.e ? blessé.e ?
Peur de ne pas être à la hauteur ? Peur de perdre son indépendance ?
Quelle est l’histoire familiale ? quelles traces, quels souvenirs … quelles ont été les expériences passées dans les premières relations amoureuses ?
Souvent les causes se trouvent dans des évènements difficiles, qui ne sont pas encore digérés… On peut les appeler des traumatismes.
Nos expériences familiales et personnelles créent des empreintes émotionnelles durables, qui peuvent nous rendre plus forts, mais parfois, aussi, nous laisser une blessure qui n’est pas encore cicatrisée.
Les traumatismes du passé, déceptions, ruptures vécues comme une trahison, sentiment d’humiliation, peuvent laisser des plaies difficiles à cicatriser.
La séparation difficile des parents, grandir avec un parent en détresse, assister au chagrin d’amour de son père, de sa mère, peut laisser des traces durables.
Le modèle familial, notamment le système d’attachement* joue un rôle crucial :
Lorsque les parents sont distants et ne répondent pas au besoin de sécurité émotionnelle du bébé, du jeune enfant, il y a un risque de transmettre des difficultés à exprimer ses émotions. Grandir dans une famille où l’organisation relationnelle est stable et sécurisante, où l’enfant se sent entouré, protégé, lui permet d’acquérir des repères positifs. C’est un formidable cadeau pour trouver plus tard, à l’âge adulte, un équilibre dans ses relations amoureuses.
Au contraire, L’absence d’exemple stable et protecteur peut fragiliser l’individu.
De plus, se trouver mêlé.e à des conflits, pire, à de la violence parentale peut construire une image négative de l’idée d’engagement : entrer en couple, s’engager, devient « risqué »
Ces expériences « sculptent » nos représentations des relations amoureuses et vont influencer nos façons d’aller vers l’autre.
J’entends chez les plus jeunes une crainte en lien avec la prédominance des réseaux sociaux et du numérique : tout se partage, tout se dit, tout se « sait » y compris les sentiments, les chagrins, les trahisons. La peur de « perdre la face » (il faut le prendre au sérieux, cela peut être très difficile à vivre) aux yeux du monde, est un motif supplémentaire pour ne pas prendre le risque de s’engager.
Peur de l’engagement : les signes
« J’ai tendance à remettre mes décisions à plus tard »
« Je cherche tous les défauts de ma/mon partenaire assez rapidement mais oublie ce qui va bien… »
« J’évite de parler du futur, de faire des projets sur le long terme »
« Je n’ai pas trop envie d’officialiser ma relation, dans le langage par exemple je ne « suis » pas avec quelqu’un ou « en couple » mais « je vois quelqu’un »
« J’ai un fort besoin de temps longs seul.e ou avec des amis »
Comment distinguer une peur de l’engagement d’un manque de sentiments ?
Ce n’est pas toujours aussi simple. Aussi est -il intéressant d’aller faire un tour du côté des émotions.
Quels sont mes ressentis quand je suis avec mon / ma partenaire, quand je pense à lui, à elle. Y’a-t-il des émotions fortes ? comment ça se passe dans mon corps ? (en particulier dans le haut de mon corps qui est la partie liée aux émotions) là, juste au milieu de la poitrine ? comment cela me touche dans ma tête ? est -ce que cette personne me manque quand des souvenirs de partages s’invitent dans mon esprit ?
Lorsqu’il s’agit d’une peur de s’engager, des émotions fortes sont présentes pour le partenaire, mais il y a du stress, de l’anxiété face au projet de s’investir davantage. « Si on fait « couple » ça veut dire que ça « existe » vraiment et si ça existe alors cela veut dire que ça peut aussi s’arrêter et me faire souffrir ? ou bien que je devrais arrêter de voir mes amis ? de me sentir libre ?
À l’inverse, si mes ressentis sont tièdes, si l’intimité émotionnelle ne produit chez moi qu’un confort relatif sans véritable joie, sans ce plaisir très particulier qui me fait sentir en connexion, cela peut être le signe d’un détachement et du peu d’intérêt pour l’évolution, la consolidation de la relation.
La peur de l’engagement est identifiée bien souvent au cœur d’un conflit interne : « j’ai vraiment envie d’être avec elle, j’aime être avec elle, et à la fois j’ai peur d’y aller » ou bien « j’alterne avec mon envie de projet et remettre le tout sous le tapis » Alors que le manque de sentiments va s’accompagner d’une forme d’indifférence, sans désir de projets communs.
Qu’est -ce que cette peur va provoquer dans la relation ?
Difficile de s’épanouir ensemble avec cette peur au milieu. C’est un vecteur d’instabilité qui ne permet pas aux partenaires de s’ancrer, de construire quelque chose ensemble.
Si les deux partenaires ont le même profil, cela pourra donner une relation « fuyante » et incertaine mais qui peut convenir à ces deux personnes qui ont les mêmes craintes : « on se voit » mais on ne construit rien ensemble. Pourquoi pas mais peut -on parler de couple ?
En revanche si l’un.e des deux est plus sécurisé.e et a besoin d’une relation ancrée dans la construction commune, le projet, bref, si l’un.e est prêt.e à faire couple dans la durée, alors
cela va être source de conflits car la peur de l’engagement de l’autre va nourrir :
Une instabilité et un sentiment d’incertitude constantes
Des difficultés à planifier un futur commun
De l’anxiété
De la frustration et de l’insatisfaction
Et pour finir : une rupture
Une tension très présente qui installe un mal-être, barrage à l’épanouissement de chacun, à l’origine d’une atmosphère émotionnelle négative qui ne va pas accompagner ni la croissance individuelle ni faire grandir le couple.
Alors comment faire ?
Une thérapie de couple peut accompagner les partenaires,
En leur permettant de réfléchir et d’explorer les origines de ces peurs. Un espace sécurisé où ils pourront mieux comprendre les schémas à l’œuvre, les besoins et les craintes de chacun.e, et améliorer la communication.
La conseillère conjugale est là pour les aider à trouver des outils pour surmonter les difficultés : cela peut passer par la mise en place de petites décisions communes construites ensemble pour le plaisir, pour démarrer sur le chemin de l’engagement. Une approche qui se veut respectueuse de votre rythme, pour construire pas à pas, les bases de la confiance mutuelle.
Le renforcement de la relation est important. Cela passe par une communication ouverte et honnête entre les partenaires..
Un accompagnement individuel est également possible et tout aussi pertinent :
Il va s’agir de voyager et d’explorer les racines des peurs, souvent liées à des histoires familiales et des expériences passées. C’est une introspection que certaine.es entament seul.es, aidé.es par des lectures par exemple, mais il arrive que ce ne soit pas suffisant et que l’aide d’une thérapeute permette de déposer, de faire le « tri » plus aisément pour comprendre l’origine de ces craintes et de mieux les apprivoiser.
Pouvoir identifier ce qui fait obstacle est une étape essentielle pour retrouver du confort avec soi.
Alors…
La peur de l’engagement, bien que courante, n’est pas une fatalité.
Ses conséquences sur le couple et l’épanouissement personnel peuvent être importantes, mais il existe des moyens de la surmonter ! Que ce soit par un travail personnel ou une thérapie de couple, il est toujours possible de renforcer la communication et la confiance au sein de la relation.
Visiter notre univers relationnel, mieux se comprendre, trouver nos propres outils et aller vers le mieux- être !
*le concept d’attachement mérite un article dédié ! alors RDV bientôt pour tout vous expliquer