Le désir sexuel : comprendre, apprivoiser, retrouver l’élan
On pense souvent savoir ce qu’est le désir sexuel… jusqu’au moment où il nous échappe, se fait plus discret ou se met en pause sans prévenir. C’est là que les questions arrivent :
« Pourquoi je n’ai plus envie ? », « Est-ce normal ? », « Est-ce que ça vient de moi ? »
Bonne nouvelle : le désir n’est ni un mystère irrésistible… ni quelque chose que l’on subit sans pouvoir agir. Au contraire, le comprendre permet déjà de le faire respirer, de le nourrir, de le réveiller — doucement et à son rythme.
Désir et plaisir : deux notions différentes
Le désir, c’est une émotion… mais une émotion particulière : elle passe par la pensée, c’est une mentalisation.
On pourrait dire que le désir, c’est imaginer à l’avance un plaisir futur, l’anticiper positivement.
Le plaisir, lui, est une émotion pure, qui se vit dans le moment présent.
Et là, une évidence apparaît :
➡️ Sans plaisir vécu, difficile d’anticiper un plaisir futur.
Donc difficile d’avoir du désir si le corps n’a pas déjà expérimenté quelque chose de bon, de doux, de réjouissant !
Le désir se construit — et il peut s’apprendre
Contrairement à ce qu’on croit parfois, le désir n’est pas “inné”, figé ou réservé à quelques privilégié·es.
Il est développemental : il évolue, se travaille, s’entretient.
Il est aussi socialisé : les hommes sont souvent encouragés à désirer ; les femmes, à être désirées. Autant dire que nos conditionnements jouent un rôle immense…
L’idée importante à retenir :
➡️ On peut créer les conditions du désir.
Contexte, ambiance, rythme, disponibilité mentale, imaginaire… tout cela influence la qualité de notre désir sexuel.
Peut-on avoir du désir sans chercher du plaisir sexuel ?
Parfois, oui.
Plusieurs raisons peuvent entrer en jeu :
• Procréer
Quand l’envie d’enfant est très forte, elle peut déclencher du désir. Le problème, c’est qu’une fois l’objectif atteint, il arrive que l’élan s’essouffle.
• Se conformer à une norme sociale
Les fameux “statistiques” ou articles qui affirment que les couples “heureux” feraient l’amour X fois par semaine…
Cette pression peut pousser à avoir des relations sexuelles sans véritable envie. Cela parait étonnant mais c’est très courant, je rencontre régulièrement des personnes qui n’ont pas de problème particulier sinon une inquiétude à ne pas entrer dans la « norme »
Pourtant, personne n’est “normal” ou “anormal”. L’important, c’est votre harmonie, votre rythme, pas des chiffres.
Faire redescendre une tension
Ici, le sexe devient un “défouloir” plutôt qu’un moment de plaisir partagé.
On parle alors d’orgaste, pas d’orgasme : une décharge rapide qui apaise un instant, mais ne traite pas la tension émotionnelle. Le risque est d’utiliser l’autre plutôt que d’être avec l’autre.
Qu’est-ce qui peut diminuer le plaisir sexuel ?
Les raisons sont multiples, et souvent cumulées.
● Le corps qui change
Un périnée relâché après plusieurs grossesses, une sensibilité modifiée…
Bonne nouvelle : la rééducation périnéale ou certaines pratiques corporelles peuvent transformer les sensations et renforcer le plaisir.
Certains traitements médicaux peuvent altérer le plaisir, et il arrive que cet effet secondaire ne soit pas mentionné : posez toujours la question à votre médecin.
Et en sexothérapie, je propose aussi des petits exercices simples pour réhabiter son corps, le redécouvrir avec douceur : « Tiens, ce corps, je le sens à nouveau ! »
● Les blessures de vie
Les violences, même anciennes, laissent des traces dans la sexualité. Le plaisir ne peut pas s’épanouir là où il y a un souvenir de peur ou d’insécurité.
● La honte, les tabous, les complexes
Quand la sexualité a été présentée comme “dangereuse”, “sale” ou “honteuse”, le corps se contracte, l’esprit peut se fermer. L’imaginaire peine alors à se déployer.
Pas toujours simple de “se” regarder, de se sentir à l’aise avec notre corps sexuel, de le révéler à l’autre en toute confiance : l’assertivité sexuelle, cela passe par l’estime de soi !
Une pression à la performance, une crainte de ne “pas y arriver” , des difficultés à lâcher-prise n’aident pas à profiter du moment, et donc à goûter au plaisir, pleinement.
Comment naît le désir ?
Il existe plusieurs portes d’entrée ! chacun.e les siennes, on appelle cela des « codes d’attraction »
· Une image ou un fantasme
· Un son, une odeur,
· Une excitation corporelle spontanée, que l’on accueille ensuite mentalement
· Une envie de proximité, de tendresse, de connexion
· Parfois, le désir naît en cours de route lorsque l’un des deux partenaires a envie et l’autre juste envie d’être proche — mais seulement si le désir finit par apparaître. Sinon, on stoppe : le consentement c’est tout le temps.
On peut aussi stimuler volontairement le désir grâce à l’imaginaire ou à des souvenirs sexuels réjouissants.
Oui, nous avons un vrai pouvoir d’apprentissage.
Des freins très fréquents… et très humains
• La charge mentale, le stress
Repas, lessives, devoirs, boulot, trajets travail stressant…
Quand le cerveau tourne à 300 km/h, l’espace intérieur pour le désir disparaît.
Le partage équitable des tâches dans le couple a un effet direct sur le désir sexuel — et sur la complicité.
• La pression devant le non-désir
Le désir n’est pas une injonction.
Accepter le non-désir de l’autre, lui permettre de se mettre en appétit, c’est nourrir la relation. C’est aussi un élément central dans la prévention des violences. C’est pourquoi il est si important d’apprendre à gérer la frustration dès le plus jeune âge !
• L’importance du manque
Pour désirer, il faut pouvoir… imaginer. Avoir de l’espace pour fantasmer, anticiper.
Si l’autre est là tout le temps, il devient difficile de laisser monter l’envie.
• La séduction du quotidien
Désirer, ce n’est pas se forcer, mais c’est offrir les bons ingrédients : une parole douce, un geste, un souvenir partagé, un compliment, un vêtement choisi… autant de petites graines de désir.
Conclusion : Ce qui se joue derrière « Je n’ai plus de désir »
Le désir sexuel n’est ni un bouton ON/OFF, ni un “défaut personnel”.
C’est un ensemble : émotions, contexte, histoire, corps, charge mentale, imaginaire…
Distinguer désir, plaisir et excitation est une première étape essentielle.
Puis vient le moment de comprendre ce qui, chez vous, fait obstacle, s’éteint, se contracte, ou demande simplement à être nourri différemment.
C’est cela que j’accompagne en sexothérapie :
➡️ vous aider à détricoter les blocages,
➡️ à identifier vos besoins,
➡️ à réveiller ou réinventer votre désir,
➡️ à remettre du vivant dans votre sexualité — à votre rythme, sans jugement et avec douceur.
Chaque personne peut retrouver un rapport au plaisir plus apaisé, plus libre, plus joyeux.
Et si vous souhaitez explorer cela, je serai heureuse de vous accompagner.